Le Baron Samedi : le “maître des morts”
Le Loa suprême et les autres esprits
Ceux qui pratiquent le vaudou haïtien croient en un seul Dieu créateur appelé Bondye. Ce dernier, également connu sous le nom de Loa suprême, ne s’immisce pas dans les affaires des vivants. C’est pourquoi les vaudouisants se tournent vers d’autres Loas considérés comme inférieurs, parmi lesquels se trouve le Baron Samedi. Les Loas sont responsables de différents aspects de la vie et sont divisés en deux catégories : les froids (Rada), principalement venus d’Afrique et réputés amicaux et serviables, et les chauds (Petro), originaires surtout d’Haïti, plus exigeants et nécessitant plus d’attention aux détails. Qu’ils soient Rada ou Petro, ces esprits ne sont ni totalement bons ni totalement mauvais et peuvent être dangereux s’ils sont contrariés ou en colère.
Baron Samedi : un Loa populaire
Baron Samedi est l’une des divinités les plus populaires du vaudou haïtien. Il est considéré comme le gardien des cimetières et joue le rôle de « psychopompe », guidant les âmes vers l’au-delà. Dans la religion vaudou, il est surnommé « le maître des morts ». Baron Samedi est également connu pour être le chef de la puissante famille Guédé, qui contrôle la vie et la mort ainsi que d’autres aspects liés à la magie et au culte des ancêtres. Il se distingue par son apparence, avec un visage semblable à un crâne, une tenue en smoking et un chapeau haut-de-forme. Cette image rappelle souvent celle d’un cadavre préparé selon les traditions haïtiennes pour l’inhumation.
Attitudes et aptitudes de Baron Samedi
Une attitude jugée immorale
Baron Samedi passe la plupart de son temps dans le monde invisible des esprits vaudous haïtiens. Il est souvent décrit comme ayant un comportement scandaleux, passant son temps à boire du rhum, fumer des cigares, jurer abondamment et faire des blagues grossières aux autres loas. Les esprits de la famille Guédé ont un comportement similaire mais n’ont pas son style distinctif. Le baron a une nature séduisante qu’il met en avant et on dit qu’il courtise les femmes de petite vertu malgré son mariage avec Maman Brigitte.
Le guide des morts
Le Baron passe son temps à rester au carrefour entre la vie et la mort chez les humains. Quand quelqu’un meurt, on dit que le Baron creuse sa tombe et rencontre son âme. Son rôle principal est de guider les morts dans le monde souterrain. Seul le Baron Samedi a le pouvoir de décider qui peut entrer dans le monde des morts.
De plus, il veille à ce que tous ceux qui sont morts restent dans leur tombe comme ils devraient, en s’assurant qu’aucune âme ne revienne sous forme de zombie. Il demande un paiement pour ce service, dont le montant dépend de son humeur du moment. Parfois, il se contente de cadeaux tels que des cigares, du rhum, du café noir ou des arachides grillées.
Guérisseur et désenvoûteur
Le Baron Samedi a le pouvoir de guérir les gens des maladies et des blessures, mais il décide selon sa volonté. Il peut aussi vaincre les malédictions par le feu. Selon lui, personne n’est mort tant qu’il n’a pas creusé sa tombe et envoyé dans le monde souterrain. Ainsi, une personne maudite ne mourra pas si elle refuse de creuser sa tombe.
La famille Guédé du Baron Samedi
Baron Samedi et les autres esprits de la famille Guédé rappellent constamment le rôle de la mort dans ce monde. Ils utilisent un langage grossier et se comportent de manière immorale, en ne tenant pas compte des règles des vivants pour rappeler que la mort touche tous les mortels. Leur comportement suggère aux vivants de profiter des avantages du monde tant qu’ils sont en vie. Les cérémonies dans le vaudou haïtien invoquant les esprits de la famille Guédé deviennent souvent érotiques et grossières, avec une consommation d’alcool abondante, une danse frénétique et un excès total pour célébrer cette famille d’esprits. Bien qu’étant la plus grande famille de loas, elle est inférieure à Bondye, l’esprit suprême du vaudou. En tant que « Maître des morts », le comportement imprudent de Baron Samedi symbolise une famille d’esprits qui ont déjà vécu et sont morts, n’ayant plus rien à craindre.